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Le retour des foules affecterait-il la démocratie et favoriserait il la tyrannie, si l’on n’y prenait garde? par Guy MALHERBE, ancien député de l’Essonne

Le 30 janvier 2024
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La fin du XVIII et le XIX ° siècle voient avec les révolutions et les barricades l’avènement des foules, ils placent l’homme moyen, la grande masse sociale, dans des conditions de vie radicalement différentes au centre de l’espace public. Désormais, la conduite des affaires publiques suppose une politique de masse accompagnée de l’éclosion des idéologies. Pourtant, la même époque voit se former un nouvel espace public grâce à l’éducation et au développement de la presse et avec lui un auditoire que forment à distance les lecteurs plongés dans leur journal. C’est l’apparition d’un public ou des publics. Alors que cet ascendant du public sur la foule semblait acquis au XX° siècle, voilà qu’aujourd’hui, la foule fait retour par le truchement d’un espace public numérisé et globalisé et place l’internaute au centre de la formation et de la diffusion de l’information en faisant de lui, à la fois, et tour à tour, un émetteur et un lecteur de l’information en concurrence avec les médias. Or, pour faire face à ces évolutions technologiques, les institutions démocratiques ont le devoir de permettre aux citoyens d’avoir accès à une information libre, indépendante, fiable et de préserver ce droit. Des initiatives ont été prises en ce sens au plan européen et national pour anticiper les évolutions et proposer des actions concrètes et trouver de nouveaux équilibres dans ce domaine de la production de l’information.
Ce retour des foules, affecterait-il la démocratie et favoriserait-il la tyrannie, si l’on n’y prenait pas garde ?

 

##. La multitude, la foule a été durant une grande partie du XIX ° siècle, une question de sciences sociales et un problème de gouvernement : les États avaient peur de la multitude, de la foule.


Longtemps, la foule été vue comme un collectif d’individus détachés de toute appartenance, des traditions, des croyances et des disciplines qui ordonnent la vie. Elle était vue comme une agrégat d’individus aléatoires, aux liens faibles et provisoires. On y voit l’effet de meneurs utilisant des techniques apparentées à l’hypnose, à des logiques d’imitation et de contagion. Il en est déduit que les foules sont fatalement impulsives, mobiles, instables et crédules ; leurs sentiments sont exagérés et simplistes ; elles font preuve d’intolérance et d’autoritarisme. La psychologie des foules dynamite l’idéal d’une opinion publique éclairée. La foule est le catalyseur et le producteur privilégié de la suggestion, de l’émotion, se rapprochant de la fascination de l’hypnotise entre les mains de l’hypnotiseur. Ainsi, les tribunaux estiment ne plus pouvoir engager la responsabilité des individus impliqués dans des faits délictueux dès lors qu’ils ont été commis en foule, dans un état comparé à celui de l’hypnose et qu’ils n’auraient pas commis étant seuls.


Jusqu’en 1914, les États ont peur. La violence collective dont ils redoutent l’explosion est vue comme la conséquence de la modernité. La ville et l’usine, la lutte des classes, le nationalisme, le socialisme ou l’antisémitisme sont capables de jeter soudainement des foules furieuses dans les rues qui sont réprimées.

 

##. L’avènement du public, des publics, et l’hypothèse d’une pacification de la multitude, de la foule.


Mais apparaît, à la fin du XIX ° siècle, une interprétation alternative affirmant l’avènement d’un nouvel auditoire, le « public ». Le déploiement d’un nouvel espace public par la lecture du même journal dispersé sur un vaste territoire qui favorise des courants d’opinion fait naître une nouvelle forme d’influence sur les affaires publiques.
Désormais, ce n’est plus des rassemblements d’hommes sur la voie publique ou sur la place publique que prennent naissance la formation et l’expression des opinions, c’est la presse, le journal qui crée le public, son public.

 
Déjà la Révolution française a connu la publication de nombreux journaux qui a créé un public politique dans les limites géographiques étroites de la capitale en l’absence de moyens de communication rapides constituant un obstacle à l’intensité et à la propagation de la vie de public. Mais ceci annonce déjà les grands publics modernes indéfiniment extensibles grâce à l’imprimerie, le chemin de fer, le télégraphe et le téléphone qui vont permettre le développement de la formidable puissance de la presse et l’extension de l’auditoire des tribuns et des prédicateurs et l’apparition du public ou des publics.

Un public, ou des publics dispersés puisque la distance n’est plus un obstacle constitué d’individus invisibles, nombreux, dispensés dans des espaces privés, réunis par la lecture du même journal, par une opinion, et par un événement que l’on nomme « l’actualité «. Contrairement à la foule qui contredit et conteste, ce mouvement accompagnait l’affirmation de l’individu, c’est à dire d’un public toujours plus nombreux mais que l’on attendait de plus en plus pacifique et raisonnable.


Avec la Première Guerre mondiale, le rôle déterminant des moyens de communication dans la vie des sociétés et l’activité des États est confirmé : la presse, la radio, l’affiche sont les instruments suprêmes du conditionnement des multitudes pour faire la guerre ou la soutenir. Déjà, l’organisation rationnelle de la propagande, le passage répété des messages à l’échelle mécanisée et industrielle rendue possible par les nouveaux médias, conduit à penser qu’il est envisageable de fabriquer l’opinion. Les États se voient comme de puissants opérateurs de suggestions par la presse, le télégraphe, le téléphone, le cinéma et la radio.


Mais l’entre-deux guerres montre que les États n’ont pas le monopole de ces machines à propagande. Les syndicats, les partis, les organisations religieuses, les entreprises industrielles et commerciales disposent aussi de ces ressources nouvelles qui promettent d’influencer davantage encore des populations entières. Les tyrans également convaincus par la puissance des médias de masse en sont rapidement devenus des experts pour les utiliser abondamment. Il est donc apparu que les régimes démocratiques ne sont pas protégés contre les effets délétères, voire dévastateurs, de la communication de masse.

 
Aujourd’hui, l’analyse de la communication moderne de masse accrédite la thèse d’un système tyrannique dissimulé derrière des apparences libérales. Elle est réputée capable d’engloutir les libertés sans susciter l’inquiétude du public. En revanche, il est vite apparu évident que les États autoritaires ont tout à gagner de ces progrès technologiques qui décuplent leur pouvoir en leur conférant une forme de tyrannie dont la nature est totalitaire.


En 1928, déjà, le publicitaire Edward Bernays, neveu de Freud écrivait : « La manipulation consciente et intelligente des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays ».


##. Avec l’apparition des réseaux sociaux, on assiste à une hybridation de la foule et du public.


L’apparition et la diffusion d’internet ont d’abord été saluées comme un progrès de la liberté et une promesse de perfectionnement de la démocratie. On a fait valoir que grâce à cette nouvelle technologie les individus pourraient s’informer et communiquer en échappant au contrôle de gouvernements autoritaires ou à la puissance des grandes entreprises commerciales de communication. On s’est réjoui, aussi, des capacités accrues d’échanges et de discussion que cet instrument donnerait aux citoyens, facilitant ainsi la délibération sur des problèmes communs et l’action concertée pour les résoudre. On a vu dans Internet un nouvel espoir pour une participation plus étendue à la gestion des affaires publiques., ou même une avancée vers le rêve, sans cesse renaissant, d’une démocratie directe.

Pourtant, loin de favoriser la régénération de l’espace public par son extension universelle, Internet se voit accusé de faire éclater la communauté des citoyens en une multitude de groupes clivés, constitués autour d’opinions intensément partagées, répétées et affirmées, selon des processus d’uniformisation et de radicalisation identiques à ceux qui étaient imputés autrefois aux foules. Le rôle de manipulateur n’est plus tenu par quelques meneurs empathiques et habiles mais par des algorithmes dont une des missions principales est l’organisation des interactions et le téléguidage invisible des individus vers un même contenu, avec pour effet de renforcer, le plus souvent, leurs convictions initiales, favorisant ainsi leur radicalisation. Ainsi, la théorie de la communication a double étage selon laquelle l’influence des médias sur l’ensemble de la population se fait en deux temps : d’abord le message est délivré à une personne guide de l’opinion, ensuite celle-ci le partage aux personnes de son entourage est fragilisée par la numérisation de la communication.

Aujourd’hui, le message peut atteindre directement sa cible en évitant le filtrage de leaders d’opinion qui deviennent moins utiles, voire inutiles, lorsque s’instaure un flux de communication direct, en une seule étape. Le message obéit, alors, à un mode de circulation indécelable, les algorithmes, qui lui confère les apparences d’une communication interpersonnelle, directe et horizontale, venant d’un pair et non d’un détenteur statutaire supérieur et extérieur au groupe, tel que les autorités publiques, les élus, les experts, ou les médias. Le message semble émaner du groupe auquel les individus ciblés appartiennent. La fonction de leader d’opinion existe toujours, mais ses caractéristiques sont définies par l’algorithme gérant le processus de la communication. On ne cible plus un groupe constitué ; c’est le ciblage qui constitue le groupe, le public. Ainsi, en ce premier quart du XXI° siècle, nous voyons réapparaître l’avènement d’une société où la foule est présente partout sur les réseaux sociaux avec ses regroupements d’opinion, instables, irrationnels et dangereux qui n’emplissent plus les rues par des défilés enfiévrés mais qui mobilisent sur les réseaux sociaux des publics devenus digitaux dans des espaces clos formés par des personnes de personnes de même sensibilité. La foule s’exprime mais la digitalisation crée son public.


##. Avec la globalisation et la numérisation, on constate une érosion des publics et un retour des foules.


Hier, l’existence d’une place publique conditionnait la possibilité d’une foule ; désormais, les réseaux sociaux et les algorithmes font converger des dizaines, des milliers, des millions de personnes vers un message. Il n’est plus nécessaire de se déplacer vers un lieu de rassemblement regroupant des anonymes qui partagent une même opinion pour y manifester celle-ci. La technologie a dématérialisé l’espace public, c’est à dire l’a émancipé de la place publique. Les réseaux sociaux donnent la possibilité de former des auditoires dématérialisés répondant aux conditions et aux types d’interaction qui défissent les foules. Certes, on les rejoint depuis chez soi, comme autrefois on lisait un journal, mais sans bénéficier de l’effet de pondération induit par la lecture individuelle qui permettait de former un public, ou des publics public. La numérisation en créant la foule numérique menace l’avenir des publics qui tenait à la presse et à l’opinion. Elle réduit, quand elle ne les efface pas, les différences entre la foule et le public. Elle donne à la multitude la possibilité d’être, soit à la fois, soit tour à tour, un public et une foule. Sous l’effet d’Internet, les foules prennent le masque des publics tandis que les publics deviennent des foules créant des auditoires hybrides, entremêlant les caractéristiques des deux formes, foule, public, antérieurement différenciées. Avec son extension, l’hybridation des formes d’auditoire est devenue constitutive d’événements planétaires: Kaboul, Printemps arabes, invasion du Capitole, Gilets jaunes, etc… Numérisée, la présence de la foule devient permanente en même temps qu’elle acquiert une dimension planétaire.

##. L’ère de l’individu media, à la fois émetteur et lecteur de l’information, conduit à la dissolution de l’actualité.


La numérisation opère le passage d’un espace public – monde à une place publique – monde sans cesse mouvementée par une foule – monde mélangeant ainsi deux types d’auditeurs longtemps jugés absolument différents l’un de l’autre, l’anonyme de la foule et le lecteur du journal. L’internaute n’est plus seulement la cible des messages, il en est désormais l’émetteur est devient, d’une certaine manière un individu -média qui intervient dans l’espace public. Si le lecteur ne disparaît pas, le processus se fait au profit de la foule qui envahit la place publique – monde et devient émettrice de messages dont les contenus sont très personnalisés et popularisés pour être diffusés à un public profilé par les algorithmes au point de faire disparaître la notion d’actualité qui était la particularité du journal. Le journal permettait d’extraire une série limitée de faits rendant possible l’attention d’un public de lecteurs à un moment donné sur des sujets communs de préoccupation et de discussion. Aujourd’hui, il n’y a plus de sujets majeurs pour constituer une actualité commune pour les lecteurs compte tenu de l’éparpillement extrême des messages qui sont tous autant de motifs d’attention, sauf évènements majeurs qu’impose une crise. Confrontes à une actualité sans cesse recomposée par le pullulement des messages et des notifications, les individus n’accèdent plus qu’à une représentation atomisée de la réalité, dont ils sont aussi les émetteurs, incompatible avec l’idée du partage d’un monde commun.

##. La lutte pour la fabrique de l’opinion et la régulation des réseaux sociaux: un combat.

Voilà encore quelques dizaines d’années , le journal et les médias avaient un public et détenaient le quasi-monopole de la diffusion de l’information et de la formation de l‘opinion publique. Celle-ci faisait l’objet d’âpres combats entre des journaux qui s’affrontaient sur des lignes idéologiques différentes. Aujourd’hui, les journaux ont pris un virage digital pour lutter contre l’érosion de leur audience en développant des offres numériques et les médias se sont recentrés, pour ne pas dire uniformisé et s’inscrire dans une ligne informative, mais les réseaux sociaux en donnant la parole, sans intermédiaire et sans filtre, à des millions de personnes réussissent à briser cet uniformisme médiatique pour le meilleur et pour le pire. Les citoyens peuvent exprimer leurs propres idées et ressentis, critiquer et interpeller à peu près qui ils veulent. D’ailleurs, certains médias invitent les citoyens à faire parvenir des informations, des événements, des témoignages, à participer à la création de l’information, ils sont ouverts aux contributeurs et les sollicitent même.


Ainsi, grâce à la numérisation, la foule des personnes a repris le pouvoir, comme l’imprimerie avait permis à partir du XVI ° siècle l’émergence d’une contestation religieuse et politique, incarnée par le protestantisme. Les réseaux sociaux sont ainsi aux journaux et médias traditionnels ce que l’invention de l’imprimerie a pu être à l’Eglise catholique, alors détentrice du monopole du discours religieux et qui ensuite a dû faire face à d’autres lectures de la bible. Comme l’Eglise l’a fait, les diverses institutions politiques tentent de reprendre en main les réseaux sociaux au nom de la lutte contre la haine. Elles mènent un combat politique pour lutter contre le contrôle de l’opinion et des mentalités qui alimentent la radicalité et les pensées réductrices. Le pluralisme reste un défi pour tous, car c’est bien de la diversité des opinions que vit la démocratie. Trouvant son fondement dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, le droit à l’information est tout autant le droit d’être informé que le droit d’informer. L’accès à une information libre, indépendante et à laquelle on peut se fier est bien l’une des conditions de la démocratie : elle permet à chacun d’exercer pleinement et en toute lucidité sa citoyenneté dans un cadre pluraliste. Les institutions doivent permettre aux citoyens d’avoir accès à cette information et de préserver ce droit.

Or, les évolutions technologiques sans précédent avec la numérisation de la communication conjuguées à des usages en pleine évolution, opéreraient une régression dangereuse si la multitude devait être à la fois rendue plus puissante , plus présente et plus souvent reconduite à son état de foule qu’à celui de public. L’évolution des technologies a bouleversé le gouvernement de l’espace public démocratique et pose la question de la gouvernabilité des sociétés modernes car aujourd’hui, Internet, c’est l’information et la communication au bout des doigts, mais Internet avec l’Intelligence Artificielle Générative apparue dans l’espace public en 2022 a singulièrement changé la donne. La création industrielle de contenus synthétiques à la portée de tous a augmenté de manière brutale la capacité de produire des faux, des fausses informations. Autre effet démultiplicateur potentiellement ravageur, l’augmentation du nombre de plates-formes de diffusion : avec les célèbres YouTube, Facebook, Twitch, Instangram, Google ou X/ Twitter, etc.. auxquels vient s’ajouter Threads. Une étude réalisée par la Fondation Descartes en 2021 a identifié 2946 sources d’information francophones sur Internet en précisant que les français qui s’informent en ligne ne consacre que 3% de leur temps de connexion à l’information et que la durée moyenne de connexion ne dépasse pas …1,9 minute et en conclut qu’un tel « papillonnage » ne peut être le signe d’une information de qualité. YouTube apparaît comme le 5° moyen d’information le plus suivi,38,4% des français déclarent le consulter au moins une fois par semaine « pour s’informer « et pour 74% des jeunes de 18-24 ans, c’est la toute première source d’information. La chaîne YouTube « Hugo-Decrypte- Actu du jour « totalise plus de 2,3 millions d’abonnés en novembre 2023. Un reportage spécifique à l’Ukraine a été vu par 1,2 millions de visiteurs. D’autres publications sur Twitch sont vu par des centaines de milliers de visiteurs au point que ces médias d’un nouveau genre sont utilisés par des personnalités politiques de premier rang comme le Président de la République.

Les réseaux et leurs algorithmes assurent une diffusion exponentielle de ces contenus qui perturbent le rapport à l’information et ce, sur fond de défiance globale. Ils ont bouleversé les conditions de production, de diffusion et de réception de l’information. En additionnant la capacité de production à celle de la diffusion, on obtient une bombe. Or de nombreux événements planétaires vont avoir lieu en 2024 : de l’Inde à la Russie, en passant par l’Europe et les Etats-Unis près de la moitié de l’humanité va voter avec des enjeux géopolitiques réels, auxquels on peut ajouter les Jeux Olympiques de Paris, qui vont permettre aux personnes mal intentionnées de répandre de fausses informations et de déstabiliser des États ou communautés. En filigrane, la crainte de débordements et de violence, dans la vraie vie peut être réelle.


A l’image des législateurs de la seconde moitié du XIX° siècle, notre époque requiert un nouveau cadre régulateur fournissant aux démocraties la protection des droits et libertés qui fondent leur édifice juridique et institutionnel.


Le législateur républicain avec la loi de 1881 sur la presse, a su ordonner la massification de la communication en inventant un cadre libéral normatif cohérent fondé sur la liberté d’opinion, de la presse. Les types d’abus sanctionnables étaient : les fausses nouvelles, la diffamation, et les incitations à la violence ou à la haine. Aujourd’hui, ce sont les règlements et les algorithmes secrets des entreprises transnationales qui organisent et régulent l’espace public, hors de toute souveraineté politique et sans avoir reçu une délégation. Or, ce modèle de régulation privé et interne par l’entreprise n’est compatible ni avec la souveraineté étatique, ni avec la souveraineté populaire.


Le combat contre cette potentielle désinformation massive ne peut être strictement nationale. En Europe, l’Union Européenne a imaginé une stratégie qui prend la forme de trois règlements émanant de la Commission européenne pour lutter contre la désinformation : l’Artificial Intelligence Act, le Digital Services Act, et l’Eurpoean Média Freedom Act, portes par le commissaire européen Thierry Breton. Ils touchent les trois domaines clés constitutifs de la lutte contre la désinformation, les réseaux sociaux, la liberté de la presse et l’intelligence artificielle.

Le rôle des médias est important aussi pour déjouer les fausses informations, en principe c’est le propre du métier des journalistes. Déjà, en 2009, ont été mis en place les États généraux de la presse écrite avec un pôle de réflexion sur le « Choc d’Internet, quels modèles pour la presse écrite » qui avait prôné le non-discrimination du numérique au regard du statut juridique, des aides et de la fiscalité, aux travers de plusieurs propositions. Viennent depuis 2022, et jusqu’à cet été 2024, les États généraux de l’information mis en place par le Président de la République pour « protéger l’information libre face aux ingérences »et « pérenniser le financement de l’information libre indépendante et la production de documentaires ». Parmi les thèmes des cinq groupes de travail figurent, la lutte contre la désinformation, la recherche d’un système de protection des démocraties au niveau européen, les réseaux sociaux, l’intelligence artificielle, et l’éducation aux médias et le soutien à un journalisme constructif pour dépasser la négativité. Dans ce cadre, une consultation citoyenne en ligne a été organisée avec le Conseil économique, social et environnemental afin de recueillir les attentes et les propositions des citoyens. Cette consultation vise à nourrir, enrichir, ou inspirer les réflexions des cinq groupes de travail.

Question posée dans un colloque sur le sujet « et que fait-on lorsqu’un homme politique crée de fausses informations et les diffusent ? ». Cela dépend des cultures et des lois de chaque pays en la matière. Certains pays interdisent la désinformation. Aux Etats-Unis, le premier amendement de la Constitution ne permet pas cela, il consacre le droit à la liberté et à la différence. La gouvernance mondiale est donc loin d’être simple à mettre en place.


S’il est difficile d’anticiper aujourd’hui l’efficacité de ces nouvelles réglementations, ou les résultats concrets des réflexions en cours, il faut noter qu’elles visent un objectif pertinent qui est de créer des conditions de concurrence plus juste et de mettre les citoyens et les consommateurs de l’information à l’abri de contenus préjudiciables à la démocratie, sous réserve de garantir la liberté d’opinion et le pluralisme. Il faut attendre pour savoir si elles seront efficaces, mais l’avenir de l’espace public démocratique en dépend. Car, en effet, le retour des foules peut affecter la démocratie et favoriser la tyrannie, si l’on n’y prend garde.


Sources : communiqué de la Présidence de la République, États généraux de la presse 2009, travaux du Conseil économique, social et environnemental sur les « États généraux de la presse 2022 », revue Commentaire, le Temps de Genève, L’opinion, Le Point, L’Express, Les Échos, Wikipedia.